Et il serait tentant de prédire à rebours, comme un collègue avisé, que
«ce n’est pas très étonnant». Sauf que pas du tout. Rien ne va de soi,
dans cette success-story qu’est le film, et surtout pas ce qu’il montre.
Un an durant, Julie Bertuccelli a filmé des élèves dont le dénominateur
commun n’est ni l’âge, ni l’origine sociale, ni le niveau scolaire, ni
la religion, ni la langue, ni le parcours migratoire, mais la
non-connaissance du français. Comment un groupe se forme ? Comment
prend-il corps à partir d’une absence ? Par quelle alchimie des
adolescents qui ne sont pas destinés à s’entendre, au sens premier du
terme, s’allient pour apprendre, et vivent, selon l’une d’entre eux,
«une seconde naissance» ? Et pourquoi, alors que la «lepénisation des
esprits» ne fait plus un pli et que le gouvernement a renoncé à tenir
ses promesses sur le droit de vote aux immigrés, la Cour de Babel
emballe les salles lors des avant-premières dans toute la France, mais
aussi en Belgique et en Suisse, dont certains cantons viennent
d’effectuer une votation pour restreindre les flux migratoires ?Ce
mercredi après-midi, une semaine avant la sortie du film, la
quasi-totalité des vingt-quatre élèves s’est donc retrouvée, au milieu
des fraises Tagada et des gâteaux au chocolat, dans le bar d’un cinéma
pour rencontrer la presse, telles des stars américaines en goguette.
Deux ans ont passé, la classe s’est éparpillée, ils ont grandi, on ne
les reconnaît pas tous, notamment certaines jeunes filles,
spectaculairement hissées sur des talons vertigineux. Parmi les rares
qui ont dû repartir à l’étranger, il y a Djenabou, sac à main imprimé
panthère assorti à ses Stiletto, qui a fait le trajet d’Arabie Saoudite
pour voir le film. Polo Lacoste femme pas cher
Djenabou ? La plus jeune de la classe, qui dans le film dit «n’être
bien qu’avec elle-même» et avoir «pour seul ami, Dieu». Mais le plus
grand nombre est aujourd’hui scolarisé dans des lycées à Paris et, pour
une partie, en seconde générale. Aucun n’a décroché ou n’est en échec
scolaire depuis qu’ils ont quitté la classe d’accueil (1). «Je connais
le parcours de chacun, et même si c’est dur et s’il y a des ambitions
différentes, ils sont contents de leur choix et ils s’accrochent»,
assure Brigitte Cervoni, leur professeure de français lorsqu’ils étaient
à la GAB.Brigitte Cervoni, aujourd’hui inspectrice à Nanterre dans
l’académie de Versailles pour les classes du primaire, est «une héroïne
du quotidien», selon Vincent Peillon. Mais une héroïne qui ne se vit pas
comme telle, et comme il en existe, on peut l’espérer, un grand nombre
dans l’Education nationale. Ce que filme Julie Bertuccelli n’est pas
l’enseignement des disciplines, dispensé en classe d’accueil comme
ailleurs, mais les échanges pendant les cours d’apprentissage du
français, où la part orale est essentielle. lot polo lacoste pas cher
La professeure, qu’on entend d’abord en off, apparaît peu à peu à
l’image. C’est elle la matrice du groupe, celle qui permet que les
élèves ne soient pas des éléments épars murés dans leur solitude et leur
histoire parfois dramatique, mais des personnes qui acceptent de
s’intéresser aux autres et de compter sur eux.Le groupe, cette entité
fragile, si prêt à se dissoudre en cas d’adversité, est ici solide :
«C’est fondamental dans une classe d’accueil, dont les élèves sont pour
certains en grande souffrance et qui vivent un exil souvent subi, de
réussir à créer un espace suffisamment rassurant pour qu’ils y
apprennent la langue. Certains le disent, lors du premier jour : "Je me
sens comme un bébé." Il y a la honte de ne plus pouvoir s’exprimer,
d’être déficient et défaillant dans un système scolaire complètement
nouveau», explique Brigitte Cervoni.Dans tous les cas, la plus grande
hétérogénéité prédomine. Dans la classe filmée par Julie Bertuccelli,
Brigitte Cervoni enseignait à des élèves de 11 à 16 ans, d’un niveau qui
allait de la sixième à la troisième. polo lacoste pas cher neuf
Parmi eux, beaucoup s’occupaient de leur famille : interprète pour les
parents, ils devaient aussi (se) faire à dîner, veiller sur des frères
et sœurs, vivre seuls pendant que l’adulte travaille. Brigitte Cervoni :
«Et, à un âge où l’on ne souhaite rien de mieux qu’être semblable à
l’autre, ils arrivent au collège en craignant que leur parcours les
différencie absolument. Du coup, il faut créer des activités qui leur
permettent de partager leur histoire. Ou du moins ce qu’ils ont envie
d’en dire. Ce sont souvent des bribes. Mais aussi des projets
fédérateurs : en ce qui concerne mes classes, c’était surtout la
création d’un film.» Avec une obligation : «Ne jamais mélanger les
genres, s’interdire de basculer sur le versant psy, ou de se substituer à
l’assistante sociale.
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